mercredi 28 septembre 2011

Mozart - Piano Concerto No.23 In A Major, K 488 Adagio

La chute.. c'est avant ou après l'envol ? Wait and see..

vendredi 9 septembre 2011

La France d'entre eux

Par un éclair d'Eugénie, Jean-Pierre Raffarin (à prononcer en pinçant le nez..histoire de faire plus vrai que nature..) avait inventé la fameuse (et triste) expression "la France d'en bas". Par ce petit mot à la confiture de naphtaline, l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac avait voulu englober les Français étrangers aux hautes sphères. Grosso modo, vous et moi. Sauf si, cher lecteur, vous avez l'immense honneur de porter la carte de membre de la Haute : Haut fonctionnaire, Haut Commissaire, Haut Magistrat, Haut Conseiller, Haut Couturier, Haut Gastronome, Haut lalalala.... 

La France d'en bas..c'était (et c'est toujours) les autres. Les petites gens. Les gens de peu. Les travailleurs à 2000 euros par mois (et encore, c'est une fourchette haute.. Enfin c'est bien connu, même chez les pauvres, il existe des strates.. Enfin ! On est tous le pauvre de quelqu'un non ?..). Donc cette France d'en bas. Celle qui se lève tôt avec l'ambition d'aller travailler plus et gagner plus. Et qui rentre le soir en ayant travaillé beaucoup plus et en ayant gagné beaucoup moins.. que ce qu'ils ne méritent réellement (sauf bien évidemment les minorités visibles, les syndicalistes, les communistes, les anarchistes, les moines copistes, les évangélistes, les philatélistes et bien évidemment les professeurs de l'éducation nationale et autres auditeurs de France Inter qui par définition ont le temps de ne pas travailler..puisqu'ils écoutent France Inter..CQFD Ironique..). 

Mais ceux qui ont le pouvoir ? Ceux qui dirigent le pays depuis les calandes grecques ? Ceux qui déterminent à un instant T (à ne pas confondre avec le mélodiste Ice T.. qui n'a rien à voir avec le comte de Lipton..) ce qui est bon ou pas pour leurs concitoyens, pour leurs employés, pour leurs petits actionnaires ? Qui sont-ils ? Quelle légitimité ont-ils encore aujourd'hui ? Celle de l'expérience ? Celle de l'appartenance à un club dont on est membre à vie sans pour autant payer le membership ? 


Alors le problème, c'est qu'en écrivant ça, je frôle la ligne jaune du populisme.. Ah bah oui.. C'est bien connu, "le popu..ça pue.. le popu.. c'est cocu". Mais le popu.. il ne dit pas que des bêtises (il en fait aussi.. d'accord .. merci d'être venu Jean Roucas..). Certes, il est généralement frappé oui.. Mais il est aussi parfois frappé au coin du bon sens. Le bon sens paysan en somme. Celui de nos  régions. De notre bonne vieille Picardie. De nos belles montagnes Savoyardes. De nos belles campagnes rouennaises.  De notre bonne vieille Division Charlemagne.. (attention.. un p'tit Google.. un indice.. non ce n'est pas une équipe de hockey sur glace..).


Certes, si 95 % de leur réflexion sert plus à commencer un bon feu de cheminée qu'à réécrire la capital de Karl ou les pensées de Marc Aurèle, sans oublier l'avenue de Montaigne, et le Zadig de Bérénice (oui alors là seules les filles comprendront..), il reste ces fameux 5% qui, comme dans l'armée, ont un petit goût d'originalité et d'intelligence. Et d'ailleurs, que n'entend-on pas dans les bars tabacs de la rue des Martyrs ? Que ce sont les mêmes qui nous gouvernent depuis 30 ans, que les patrons sont tous des vieux croutons qui dirigent les mêmes boites du CAC depuis autant de temps (et qui se paient le luxe de snober les tycoons de la nouvelle économie qui sont non seulement les pionniers du XXIème siècle mais aussi les vrais propriétaires de leur boîte et non pas de simples salariés dont le seul avantage est de bénéficier de quelques golden parachutes qui suffisent à émerveiller madame, les enfants et leurs amis, parfois expatriés, et qui travaillent au service de grandes sociétés françaises mais dont aucun n'a jamais été autre chose qu'un pantin au service des actionnaires majoritaires), que les journalistes censés avoir un regard critique sur le monde politique, économique, social et culturel sont inamovibles depuis qu'ils ont participé à mai 68, que ce sont les mêmes "conseillers" qui passent la brosse à reluire à nos gouvernants qui chaque matin s'exclament : "Tiens ! V'la Minc ! V'la Séguéla ! V'la Tali ! V'la Charon (ne pas confondre avec le substitut "chaton"..) ! V'la ma main dans ta gueule salop de pauvre !". 


Mais oui ! Quand on y pense.. Ce n'est pas totalement faux. Madame Michu.. tu n'as pas toujours tout faux ! Parfois tu as un éclair de génie toi aussi. Nous t'aimons (il y a des limites à tout..) t'apprécions Micheline MIchu. Car en dépit de tes investissements auprès de Hedge Funds locaux.. (la Banque Postale ou le Crédit Agricole quoi..), dont les montants te donnent certainement le tournis dès que tu reçois ton relevé de livret A, tu dresses parfois un constat juste de ton pays. Et rien que pour ça, tu mérites un salut romain. Oui ! Micheline Michu ! Oui, ton fameux "oh bah non ça peut plus durer comme ça ! Faut arrêter, on n'est pas des vaches à lait!" a en lui la musicalité de ce morceau que me chantait mon précepteur : "eine kleine Nacht Musik".. Oui Micheline Michu.. Tu n'as peut-être pas eu la chance d'écouter Wagner (qui n'est pas l'auteur de Eine kleine Nacht Muzik..) dans son intégralité.. mais sans le savoir.. tu as mis le doigt sur quelque chose. Oui Micheline.. Cette France là.. tu n'en peux plus ! Et ton petit doigt te dit de crier "Zut ! Flûte ! Crotte ! Chier !".


Car il est vrai que cette frange, cette élite (oula..encore une sémantique neo fasciste qui va me valoir les foudres des politologues de l'extrême.. PS: oui nous sommes lus à Science Po.. Mais nous tenons à rester modestes..) qui gouverne nos vies, nos idées, nos goûts, nos porte monnaie, nos opinions.. et bien cette élite n'a guère fondamentalement changé depuis près de 30 ans. Alors pas question de m'inscrire dans la tradition française de la délation.. et donc du name-dropping vengeur, mais tout de même.. Et bien oui. Cette France là, c'est celle que nous qualifions de "France d'entre eux". Ce sont les dynasties industrielles, les ploutocrates de la politique, les ayatollahs de la pensée unique médiatique (qu'elle soit de droite ou de gauche, voire des extrêmes..), les intellectuels universalistes squatteurs de plateaux télé, les donneurs de leçon du monde de la culture qui occupent la scène depuis l'élection du Pape Boniface (qui sont les premiers à hurler à la dérive autoritaire du régime tout en demandant par intermédiaire interposé la mise à disposition d'un F6 place des Vosges à Paris (je vous l'avais dis..nous virons popus..)).. J'en oublie certainement. Je suis sûr qu'ils ne nous en voudront pas.. Mais ce sont eux qui nous gouvernent depuis deux ou trois générations. A l'heure d'Internet, de Meetic, des procédures de divorce après deux mois d'union, des speed dating, des hotels formule 1 de Saint Cyr au Mont d'Or pour niquer échanger des avis sur la logorrhée verbale spontanée en période de rut sans céder aux sirènes de l'engagement sincère, des téléphones portables qui ne durent que deux ans, de l'amour de Beigbedder qui n'en dure jamais plus que trois.. il n'y a que nos élites qui ne changent pas.. Ah ça non ! Pourquoi changer un système qui fonctionne si bien que personne ne vient jamais se plaindre auprès du service après-vente..


Alors oui..Je n'accuse pas.. Non Emile ! Je n'accuse pas mon vieux ! Je pourfends ! Je vilipende ! Que dis-je.. J'attaque ! J'attaque cette France d'entre eux qui s'octroie toutes les bonnes places de la société et qui ne laisse jamais la sienne aux nouvelles générations. J'attaque cette France d'entre eux qui se gave sur le cadavre France, peu à peu dépecé de ses richesses, de ses ressources individuelles, industrielles, intellectuelles, culturelles au profit de quelques uns qui un jour ont décidé qu'ils s'essuieraient les pieds sur une certaine idée de leur propre pays. J'attaque cette France d'entre eux conservatrice qui n'intègre pas ses enfants nés d'ailleurs. J'attaque cette France du pater, de l'ave, et du saint pantalon cyrillus qui ne jure que par la continuation de l'ordre établi. J'attaque cette France d'entre eux de l'étiquette qui ne donne que trop rarement sa chance aux profils atypiques. J'attaque cette France jacobine qui ne jure que par la sacro sainte capitale dont une seule bombe à neutrons suffirait à mettre à terre le pays de Voltaire. J'attaque cette France d'entre eux qui a remplacé la Fraternité par l'obéissance. La Liberté par l'aliénation. L'Egalité par la stigmatisation. Mais j'attaque aussi cette France d'en bas qui subit, se plaint, mais en définitive ne fait rien de vraiment révolutionnaire pour sortir de cet engrenage dans lequel nous tous nous dirigeons portés par la musique du joueur de pipeau sans vraiment nous défaire du costume de l'infantilisation dans lequel les élites se plaisent à nous voir défiler..


La France d'entre-eux n'a que trop duré. On ne peut pas à longueur de temps d'un côté fustiger les petits caïds qui font la loi dans leurs cités, alors qu'ils ne sont qu'une toute petite minorité à diriger de si grands ensembles, et de l'autre côté accepter la main mise de quelques élites sur la République, alors qu'eux-mêmes ne sont, à l'échelle d'un pays comme la France, vraiment pas si nombreux que cela. Il suffirait d'une petite charrette.. Les sociétés dont ils sont parfois les dirigeants savent pourtant faire ça de la plus belle des manières avec leurs salariés... Vous savez.. ceux de la France d'en bas. Sur ce.. "Good night.. and good luck" (Edward R. Murrow - CBS News).