dimanche 20 mars 2011

Bush l'a rêvé, Obama l'a fait avec Sarkozy, l'ami de Bush..

L'ancien chef d'Etat américain ne s'en cachait pas. Il voulait faire de la zone arabo-musulmane en Méditerranée une vaste zone de démocratie et de libre-échange. Un conseiller chargé de « la stratégie mondiale pour la démocratie » avait même été désigné en 2005 par le commandant en chef tant décrié pour sa croisade irakienne. 

Condoleezza Rice, alors Secrétaire d'Etat, avait évoqué « la nécessité » d’entreprendre des réformes et de procéder à des changements au Moyen-Orient et « de la nécessité de la modernisation dans cette partie du monde ». Elle poursuivait : « On ne peut avoir le genre de renaissance économique nécessaire sans chercher à encourager la créativité de la population, la capacité des femmes à participer à la vie publique, la capacité de tous à poursuivre la réalisation de leurs aspirations » (Source : Metaoui Fayçal, elwatan.com - 5 février 2005). 

Mais l'expérience irakienne qui devait plus ou moins rapidement installer un système démocratique à l'occidentale a déçu les stratèges américains. Beaucoup de moyens engagées : humains, militaires, financiers. Et beaucoup de pertes, de temps perdu, de gâchis (sauf pour certaines compagnies américaines). Au final, un pays encore en proie aux dissensions internes, au terrorisme, à l'instabilité. Et l'image des Etats-Unis particulièrement dégradée dans la rue irakienne, et plus généralement arabe. 

Conclusion: on n'impose pas nécessairement la démocratie par la force, surtout quand celle-ci vient de l'étranger (cf. l'exemple afghan depuis les soviets jusqu'à nos jours, le Vietnam, la Somalie, etc..). Car celle-ci peut s'imposer d'elle même, si j'ose dire. 
En effet, depuis janvier 2011, la démocratie semble s'installer chez nos voisins arabes. Pas un soldat américain envoyé sur place, pas de bombardements aériens de l'US Air Force, pas de propagande façon Fox News exagérée, haineuse, nationaliste. Juste un mouvement populaire, développé, entre autres, grâce aux réseaux numériques, avec l'appui non pas de CNN mais de Al Jazeera, la chaîne panarabe du Qatar. Jusqu'ici, tout allait bien... Et.. 


Source : CNN 
Et bien toute règle à son exception. Depuis quelques heures, la Libye fait l'objet d'une intervention militaire conjointe, mise en oeuvre par une coalition de pays occidentaux et arabes, légitimée par la résolution 1973 du Conseil de Sécurité des Nations Unies (cette résolution est contestée par les libyens qui considèrent que le Conseil décisionnaire n'est pas légitime pour régler des conflits intérieurs). Il n'empêche que depuis le 19 mars 2011, ça chauffe pour les infrastructures libyennes de C2. Les Rafales français ont ouvert le bal suivis par les missiles Tomahawks américains et britanniques. Et ce n'est qu'un début..

Source : agence idé
En définitive, parions qu'un nouveau régime sera à terme  installé en Libye. Les Occidentaux et les pays arabes engagés n'ont pas le choix. Pour ne pas perdre la face, ils vont devoir "finir le job" et déloger le colonel et sa clique. Certes, l'usage de la force n'était pas prévu, les "experts" prédisant, une fois de plus à tort, une issue victorieuse rapide pour les insurgés, à l'instar des précédents tunisiens et égyptiens. Mais c'était sans compter le fin stratège Mouammar. Donné fuyant chez son camarade Chavez, partant au volant de sa Golf, ou plutôt de sa voiture de golf, un parapluie géant à la main et une chapka de Pluto sur la tête, il a reconquis quasiment toutes les villes perdues. Sans prendre de gants, en éradiquant l'opposition. Le printemps arabe a failli s'arrêter net en Libye. Et le rêve de Bush et des néocons avec.. 

Et qui a décidé de reprendre le flambeau ? Sarkozy l'a fait. Lui, l'ami assumé des américains, l'ami des Bush, celui qui était favorable à la guerre en Irak et qui s'en vantait régulièrement à l'ambassade américaine à Paris... Enfin on pensait que Sarkozy l'avait fait. D'ailleurs, pendant une douzaine d'heures, seule la France avait le leadership des opérations militaires en Libye. Belle récompense pour le président le plus impopulaire la Vème (la République bien sûr.. pas l'Avenue new-yorkaise chère à Carlita et Nicolito..). Rassurez-vous, ça n'a pas duré. Les USA ont vite repris le contrôle des opérations via l'Africom... Bien joué non ? 

C'est un peu comme en matière de conquête sentimentale à usage unique. Les Français ont joué le rôle du gentleman du soir, charmant, idéaliste, légaliste : les manoeuvres diplomatiques à l'ONU visant à défendre les populations civiles, le Sommet de coordination à Paris, les premières interventions militaires façon chevalier blanc, le leadership (oui vous lisez bien..), l'illusion que les américains sont là mais pas trop, surtout pour ne pas chauffer les Russes et les Chinois qui pourraient mal le prendre. Et puis au réveil, qui avez-vous dans votre lit ? Les Américains... bien cachés derrière M. Sarkozy. Les Michel Drucker de la politique internationale..incontournables. 

Petit à petit, il se passe ce que l'administration Bush avait souhaité. La démocratie et le libre-échange s'installent progressivement dans le monde arabo-musulman. A l'heure où j'écris, les protestations sont encore vives au Yémen, au Bahreïn, en Syrie. En Algérie, au Maroc, en Jordanie, des mouvement réformistes existent. 

Le problème qui pointe déjà le bout de son nez, c'est que la vague démocratique semble être sélective (et donc sujette à interrogations). Car dans certains Etats arabes, notamment dans le Golfe Persique, et à Bahreïn pour ne pas le citer, les opposants ne bénéficient pas du même soutien que les tunisiens, égyptiens, libyens.. Et pour cause. Ils sont chiites. Plutôt pro-iraniens. Et qu'y a-t-il à Bahreïn ? Le commandement de la Vème (encore!) Flotte américaine qui surveille.. l'Iran.. Mais ça, c'est une autre histoire...

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